FOCUS | Qu'attendons-nous de nos lectures ?

Il y a quelques temps déjà, j'ai réalisé à quel point le rythme effréné de notre société peut affecter notre perception des choses (je préciserai cette pensée en fin d'article). Je me suis donc posée la question suivante : que cherchons-nous au détour des fictions littéraires ? Au travers des discussions, des blogs, des chroniques littéraires, et de mes #laPetiteQuestionDuLundi ^^, trois aspects sont vites ressortis.

Sens, sensations, émotion : quèsaco ?
Le Sens a pour synonymes : signification, raison, fondement, justification, destination, intention, valeur, finalité. La recherche de sens est le fait de vouloir élargir, enrichir, éclairer sa vision des choses, comprendre ce qui nous anime et nous entoure. En somme, le message.

Les sensations, ce sont les informations qui proviennent de nos cinq sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher). Par exemple, aimez-vous être plongé(e) par procuration dans des décors, des scènes, comme si vous y étiez physiquement ? Comme si vous pouviez voir les paysages, sentir les odeurs, etc. ?

L'émotion, c'est l'interprétation de notre perception, soit une "réaction affective transitoire d'assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l'environnement." Larousse


Alors, lequel des trois ?
Là encore la petite voix me dit : "Oh là là. Ne cherche pas midi à quatorze heures, on lit ce qui répond aux besoins de notre imaginaire ! Mais je te parie que l'émotion prime." A-t-elle raison ?


Arg, bien sûr que la petite voix a raison. Vous êtes nombreux à attendre d'une fiction qu'elle vous procure de l'émotion !


L'émotion à la loupe
L'émotion, du latin emovere « mettre en mouvement », est une expérience psychophysiologique complexe et intense [...] de l'état d'esprit d'un individu [...] lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (interne) et environnementales (externe). Source : Wikipédia.

Robert Plutchik, psychologue américain, a proposé une représentation de ces émotions :
Il y propose ses huit réactions de base associées à leurs fonctions respectives :
  • peur → protection
  • colère → destruction
  • joie → reproduction
  • tristesse → réintégration
  • confiance → incorporation
  • dégoût → rejet
  • anticipation → orientation
  • surprise → exploration
Il avance aussi que "les autres émotions sont toutes des états mixtes ou dérivés, c'est-à-dire des mélanges, composés ou combinaisons d'émotions de base." Par exemple :
Juste avant la publication de cet article, je suis tombée au détour des réseaux sociaux, sur une autre représentation ludique de diverses émotions, source moins académique mais je vous laisse apprécier.

Qu'en tirer ?
Je conçois que le sujet abordé ici est bien plus complexe que ces quelques lignes, mais il est tout de même possible de dire qu'au fond, nous recherchons naturellement à être STIMULÉS, un besoin fondamental en tant qu'êtres vivants. Et quel que soit l'aspect qui y répond dans nos lectures (comprendre, sentir, ou directement éprouver), l'émotion est la voie royale pour qu'une histoire nous marque. Peut-on oublier un récit qui nous a ravi, dégoûté, ou vraiment effrayé ? Non. Peut-être ne se souviendra-t-on pas du qui ou du quand. Mais on se souviendra du quoi dans notre for intérieur.


Personnellement, je suis plus sensible au fond des histoires. Quand bien même, l'émotion amenée avec subtilité me séduit aussi. Car les meilleures fictions, n'utilisent-elles pas ce moyen pour nous délivrer leur vrai message ?

Pour relier ceci à l'introduction du focus, je dirais qu'à l'heure actuelle nous sommes bombardés d'informations à longueur de temps, alors pour se démarquer, il faut toujours frapper plus fort, briller plus, etc.  En gros, tout est fait pour nous secouer comme des pruniers. Je me pose désormais d'autres questions :
  • Doit-on forcément exagérer l'appel émotionnel pour plaire ?
  • Tout comme on peut être rassasié après avoir trop mangé, les fictions littéraires, peuvent-elle, à force, saturer émotionnellement les lecteurs et lectrices ?
  • Et si c'est totalement l'inverse, et qu'on en redemande, est-il possible d'être accro à l'émotion ?
La petite voix m'a déjà soufflé son opinion, mais j'aimerais beaucoup connaître la vôtre.

***

NB : cette conclusion est purement une interprétation de ma part, au regard des résultats du sondage, des commentaires associés et de mon expérience. Donc si vous avez votre propre avis sur la question, n'hésitez pas à m'en faire part en commentaire.


Pour aller plus loin

> Sens

> La partie "Le pouvoir de V" dans l'article : Comment rendre un personnage attachant ? Le pouvoir de V
http://ecrivain-alchimiste.fr/rendre-un-personnage-attachant-3/

> L'importance de l'émotion et comment la transmettre
https://lessecretsdunecroqueusedelivres.com/2018/01/10/limportance-de-lemotion-dans-un-roman


Vous avez aimé ce focus ? N'hésitez pas à me le dire en commentaire et/ou le partager avec vos amis :) Retrouvez également tous mes focusarticles et œuvres en cliquant dessus. Merci de m'avoir lue et à bientôt !


2 commentaires:

  1. Excellent article, la réflexion sur ce qui nous attire dans la fiction est très intéressante :)

    "Doit-on forcément exagérer l'appel émotionnel pour plaire ?"

    Alors autant je trouve les émotions importantes, autant il y a un problème si on doit les forcer. Le lecteur le sent et risque de ressentir une forme de manipulation émotionnelle, et aura plus tendance à se fermer (surtout si on écrit quelque chose de très sombre, si les personnages sont tout le temps misérables on finit par devenir insensible). Les émotions devraient découler naturellement du sujet, des intéractions des personnages et des situations. Le plus dur c'est de faire quelque chose à la fois universel mais qui ne soit pas cliché ou du pathos inutile.

    "Tout comme on peut être rassasié après avoir trop mangé, les fictions littéraires, peuvent-elle, à force, saturer émotionnellement les lecteurs et lectrices ?"

    A titre personnel je suis incapable d'enchaîner plusieurs lectures sur des sujets lourds comme la dépression, le deuil ou autres. En général je fais un break où je lis / regarde des oeuvres plus légères ou optimistes, parlant d'amour ou d'héroïsme du type "le bien triomphe du mal". Malgré tout les oeuvres plus lourdes (ou généralement plus complexes dans leur façon d'aborder certains sujets) ont tendance à plus m'intéresser tant qu'elles ont quelque chose à dire. Et comme chaque créateur est unique dans sa vision, je ne me vois pas saturer sur le long terme ! (Sauf si je ne fais aucune pause entre, bien sûr ^^) Mais vu que je fais un break de sujets lourds en recherchant des émotions plus légères... D'une certaine façon je ne sature jamais de ressentir des émotions !

    "Et si c'est totalement l'inverse, et qu'on en redemande, est-il possible d'être accro à l'émotion ?"

    Je pense que c'est totalement possible. Il y a bien des gens accros aux sensations fortes, à la boisson, au sexe... Et en général c'est dans l'optique de ressentir quelque chose. C'est pareil pour la fiction : on est infiniment capable de s'attacher à des personnages et de se sentir mal ou heureux pour eux, par empathie ou sympathie. Mais il faut que l'expérience soit un peu différente à chaque fois, assez familière pour qu'on s'identifie, et assez différente pour qu'on s'y investisse vraiment. D'où les clichés en fiction : ils misent sur la familiarité, mais si on les voit trop on commence à s'ennuyer et à avoir envie de quelque chose de différent. Et c'est là où se manifeste l'addiction aux émotions : on ne veut pas les même histoires répétées à l'infini avec quelques changements de lieux et de personnages, on a besoin autant de nouveauté que de familiarité. Du moins c'est mon avis :)

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    1. Merci de ta participation tout aussi intéressante Rachel !

      De fictions en fictions (et là je parle de littérature + cinéma), il m'est arrivé d'avoir cette désagréable impression de tape-à-l'oeil émotionnel qui comme tu le dis, peut à contrario engendrer une insensibilité. Du coup, certaines scènes qui se veulent irrémédiablement intenses n'ont aucun effet quand d'autres bien plus discrètes font ressentir plus de choses. A force, je me dis qu'on peut être amené à en avoir assez des fictions qui pressent l'orange jusqu'au ziste. D'agréable, le goût devient amer.
      Evidemment, ce qui fait vibrer chacun est personnel car nous sommes tous différents. Bon nombre de lecteurs apprécient justement l'émotion quasi à fleur de peau sous peine de s'ennuyer ou de manquer d'une dimension essentielle !

      Concernant ta stratégie où tu alternes les styles, c'est tout à fait naturel. Après tout, on a bien besoin de se nourrir de bonnes choses pour affronter les plus difficiles. Personnellement, il m'arrive d'être plus radicale et de faire carrément une pause quand une oeuvre m'a beaucoup mobilisée. Bien évidemment je reviens toujours vers ma petite PAL, avec un esprit plus frais et dispo pour de nouvelles découvertes tant sur le message que sur le ressenti.
      Le plus important il me semble, c'est avant tout d'en retirer un bienfait personnel :)

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