Cette histoire comme toutes les autres, avait un début, sa naissance, un déroulement, son existence, et une fin… proche.
Elle, était épuisée par une lutte longue et solitaire, à tel point que son esprit appelé vers une destination inconnue, se mit à rejouer le film de sa vie.
Sans effort, elle se remémora son enfance, entourée de ses parents attentifs dont l’amour inconditionnel avait nourri sa valeur propre.
Son cœur battait encore du mieux possible, propulsant par réflexe une dose désespérée de persévérance aux quatre coins de son corps.
Elle se souvint des années suivantes et des changements qu’avait subis sa chair. Des formes qui avaient émergé, de la toison qui avait poussé, du potentiel de vie qui avait ruisselé un jour entre ses jambes, marquant dès lors, la promesse insistante et régulière d’un avenir fertile, et qui, souvent refoulée, s’en allait en accablant sa matrice de symptômes vengeurs.
Ses forces l’abandonnaient à la mesure du sang répandu.
Elle se rappela alors du temps où le genre opposé commença à animer sa nature, et de la première fois où elle accepta de le laisser entrer en contact avec son cœur, son moteur, et son corps, son temple. Un cap était franchi et toute une dimension de sa condition s’était déployée, faisant naître en elle un épanouissement sans pareil.
Lui revinrent en tête, les regards qui s’attardaient sur elle avec intérêt, appréciant son attitude digne, s’impressionnant de ses accomplissements. Et quelles réussites ! Son parcours seul, témoignait de la discipline qu’elle s’était imposée, de la maîtrise d’elle-même qu’elle avait dû manifester, de sa voix qu’elle avait dû faire entendre sans cesse pour avancer, bravant les injustices dues à sa nature qui n’avaient lieu d’être, et les freins persistants qui s’étaient opposés à son ascension.
Sa souffrance s’apaisa un bref instant.
Puis ressurgit un éclair lancinant au creux de ses entrailles, lui rappelant ce moment où solidement debout, elle avait plié face aux aspirations d’un conquérant bien déterminé à disposer de son corps, sans égard aucun pour sa personne. Seuls son courage et son espoir sans faille lui avaient permis de passer outre les conséquences éprouvantes de sa situation.
Mais elle n’en pouvait plus, il était temps d’en finir.
Un cri ultime et étouffé lui échappa dans sa tentative de liberté. Un cri neuf et retentissant lui répondit en écho.
Le pâle sourire qui illumina son visage était semblable à la flamme vacillante d’une bougie menaçant de s’éteindre. Ne lui restait que sa volonté, qui s’agrippa à cette vie naissante tel le cordon qui les rattachait l’une à l’autre. Non, elle ne s’en irait pas, ne dérogerait pas à sa nouvelle responsabilité, celle d’embrasser cette précieuse innocence, de la protéger, de l’aider à grandir.
Un nouveau pan de son existence débutait, et elle n’était pas au bout de ses peines. Mais elle les surpasserait, car après tout, se battre dans la vie et pour la vie était bien une histoire de femme.
