Anthonio - romance fantastique

Les nuages formaient une nappe de coton gris dans le ciel. Je volais au-dessus d’eux, sans rien éprouver. Car le vide n’éprouve rien. Mon cœur semblait figé dans ma poitrine, engourdi, desséché. Quand notre histoire s’était-elle étiolée à ce point ?
Ressasser ne m’était d’aucune utilité et importait si peu désormais, puisqu’il avait choisi un autre chemin. En cet instant, il foulait sans doute gaiement la surface du monde loin en contrebas, mais pas le mien, depuis plus longtemps que je ne voulais l’admettre. Je songeai à quel point j’avais été stupide, non pas de l’aimer corps et âme, mais de croire notre voie toute tracée jusqu’à en oublier les écueils du destin. Qu’allais-je faire désormais ? Comment exister de nouveau quand ma vie tournait autour de lui ? quand ma vie était lui ?
Aucune perspective ne se dessinait dans mon esprit éteint. Seul mon pilote automatique se chargeait de me guider vers la destination qui pourrait un tant soit peu réchauffer mon être. Me ranimer, peut-être.
Sur le tarmac, l’air chaud et humide se colla à ma peau et alourdit d’un coup mes boucles caramel malgré leur volume naturel. Pendant quelques secondes, j’eus du mal à respirer avant de m’habituer à l’humidité ambiante. Une sensation presque oubliée sous cette latitude à la fois exotique et familière. Au gré des intonations chantantes de ma langue natale, j’indiquai au chauffeur de taxi mon point de chute balnéaire. Mes avoirs me permettaient un pied à terre des plus confortables face à la mer, mais aussi importants furent-ils, ils ne dissipaient pas mon chagrin. 
Une semaine s’était écoulée depuis mon arrivée. Des jours de pure errance. En pleine nuit, sur la plage d’Ipanema, j’avançais, seule, tongs en main, marquant le sable de mon empreinte aussitôt effacée par l’incessant reflux de la mer. Les alizés amenaient des odeurs fraîches et salées du large, tout en faisant danser ma robe longue et les franges de mon châle. À défaut de me sentir revivre, un intense apaisement me gagnait. J’aimais l’océan depuis toujours. Alors, qu’il m’emportât à jamais dans son immensité. Je jetai un dernier regard autour de moi. Le coin était plutôt tranquille. La saison estivale venait à peine de démarrer et l’activité touristique naissante se concentrait autour des commodités de bord de mer. Les immeubles, dont l’hôtel dans lequel je logeais, jalonnaient la côte toujours prêts à accueillir les visiteurs comme moi, désireux d’une vue imprenable sur l’Atlantique. Plus loin en surplomb, le Grand Sauveur éclairé depuis son socle, ouvrait largement les bras à la baie. Hélas, il ne pouvait me secourir.
Décidée à ne faire plus qu’un avec l’océan, je reportai à nouveau mon regard vers sa vastitude. Un surnageant fluorescent me surprit et réfréna mon élan. Une lumière entre bleu et vert qui passait presque inaperçue au milieu des reflets projetés par les éclairages ambiants. Celle-ci n’avait cependant rien à voir. Elle était de toute beauté. Captivante. La source, de plancton sans doute, s’intensifiait un peu plus loin, près d’une motte d’algues brunes accumulée sur la rive. Je relevai le bas de mon habit et du bout du pied, chatouillai l’eau pour stimuler le nuage de particules et le pousser à s’illuminer davantage.

©️ FranceInfo.tv
— Oh !
Quelque chose empoigna ma cheville. J’agitai la jambe comme une folle pour me dégager et fis plusieurs pas en arrière, chamboulée par cette soudaine étreinte non identifiée. Les laminaires se relevèrent, laissant apparaître dans leur ombre deux iris luminescents.
Deus do céu ! (Dieu du Ciel) soufflai-je.
Dans mon geste de recul, je m’emmêlai dans ma robe estivale et retombai sur les fesses, ahurie. Les deux prunelles hors du commun demeuraient braquées sur moi. La chose balbutia « ajud… » (aid…), puis s’écroula de nouveau dans le sable.
Je constatai alors qu’une trace scintillante persistait sur ma cheville à l’endroit du contact. Une empreinte de main. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant que je ne rassemble mon courage et me décide à aller de l’avant. N’étais-je pas en train de me mettre en danger ? Ne devais-je pas plutôt alerter les autorités ? Sans doute.
Je m’approchai prudemment. À bout de bras, je dégageai le tas de végétation marine qui dévoila la silhouette gisante d’un homme, à la peau abondamment couverte de pigments lumineux. Je lui tapotai la joue. La brillance s’accentua sous mes doigts. Ses yeux s’ouvrirent de nouveau.

En me voyant arriver avec l’inconnu, le réceptionniste se précipita pour m’aider.
Non ! le repoussai-je. Ça va aller merci. Il n’est pas lourd.
Et même, plutôt léger.
Dois-je appeler un médecin ? demanda naturellement l’employé.
Ne vous inquiétez pas, ce n’est rien. Mon ami a trop bu.
Très bien.
En chemin, nous ne nous étions pas fait remarquer outre mesure. De toute évidence, les particularités de l’étranger disparaissaient sous ses lumières plus vives, lui donnant l’air d’un homme tout à fait ordinaire.
Avez-vous besoin de quelque chose ?
Hum, à vrai dire oui. Il lui faut reprendre des forces. Faites monter deux feijoadas. Ah, rendez-moi un autre service. Pouvez-vous lui trouver des vêtements ? Il s’est vomi dessus et dans son ébriété, s’en est débarrassé je-ne-sais-où. En plus, il n’habite pas dans le coin alors… Enfin, heureusement que je portais un châle, achevai-je en faisant allusion à son pagne improvisé.
Je feignis un rire pour rendre mon histoire crédible et regagnai ma chambre.
Dans la pénombre de la pièce, un ténu halo se remit à émaner du corps élancé de l’inconnu. Il semblait exténué. Ses paupières peinaient à rester ouvertes. Que faire maintenant ?
De l’eau… marmonna-t-il.
Je me précipitai vers le minibar pour dévisser une bouteille et avec précaution, je le redressai afin de l’aider à boire. À l’instant où le liquide toucha ses lèvres, sa descente fut avide et rapide. La peau de l’étranger s’illumina davantage. Un bon signe selon moi, qui sans que je ne puisse l’expliquer, me soulagea. Lorsque le service d’étage apporta le nécessaire, je le nourris petit à petit à la lumière d’une lampe de chevet. Il sombra ensuite dans un sommeil visiblement nécessaire, tandis que des milliers de questions se bousculaient dans ma tête, dont une en particulier : qu’avais-je secouru au juste ? Cette interrogation tournait en boucle et pendant une bonne partie de la nuit, je demeurai à observer le rescapé depuis mon fauteuil, à l’autre bout de la pièce.

Je battis des paupières, pensant un instant avoir fait un drôle de rêve, mais la réalité me rattrapa. L’inconnu, debout nu dans la lumière de mi-journée, me scrutait de son regard turquoise et mystérieux. Je me sentis tout d’un coup bien moins téméraire que la veille et me renfonçai par instinct dans mon siège. Puis, je me souvins de l’acte bien plus grave que je m’apprêtais à commettre vis-à-vis de moi-même et dont ce phénomène m’avait détournée. Aussi incroyable que fut cette rencontre, pouvait-elle me porter plus grand préjudice ? Peut-être pas. Étrangement, je repris de l’aplomb.
Je m’appelle Anna, déclarai-je. Et toi ?
Anthem.
Qu’es-tu ? Tu es bizarre… ta peau… brille dans la nuit. Es-tu malade ?
Je suis un voyageur, venu de la mer, et avant ça, d’en haut.
Je ne comprends pas.
Ma mission est de visiter ton habitat et d’établir un lien avec ton espèce. J’ai atterrit cette nuit dans l’océan. Je devais me poser ailleurs, mais en cours de route j’ai dû faire face des imprévus qui ont affecté ma trajectoire. Mon système de guidage indiquait que ce milieu était le plus propice à l’absorption de l’énergie accumulée lors de l’entrée dans votre atmosphère. Tous les paramètres étaient favorables, excepté celui de la pesanteur. Ma densité me permet de supporter les fortes pressions donc j’ai pu remonter des profondeurs, mais le fluide agité m’a épuisé et une fois le rivage atteint, la gravité m’a assommé.
Perplexe, je balbutiai :
Qu… Quoi ? D’en haut ?
Il y a quelques temps de cela, un objet inconnu nommé Voyager a été détecté dans notre périsphère. Il transportait une plaque pionnière contenant un message, des informations sur la forme de vie qui l’avait émise, ainsi que sa localisation. Nous ne pouvions passer à côté d’une telle découverte et des improbables similarités avec notre propre espèce. Je me suis alors porté volontaire pour la mission d’exploration, et me voilà.
Alors tu es venu pour… ?
Vous découvrir.
Je demeurai bouche bée, les yeux ronds. Tant de fondamentaux chamboulés en quelques phrases…
Après un long moment d’hébétude, je pris les vêtements neufs qui lui étaient destinés, empilés sur un coin du lit. Un t-shirt, un bermuda et des tongs.
Tiens, enfile ça, et oublie Anthem. Anthonio conviendra mieux. Je t’emmène connaître mon monde, mais à la condition non négociable que tu m’en dises plus à ton sujet.
Quelques empadhinas, churrasco et autres mets hauts en saveurs plus tard, je menai mon invité singulier à un point de vue que j’avais jusqu’alors apprécié en contre-plongée. Depuis le Corcovado, aux pieds du Grand Sauveur, je présentai à Anthonio, la baie de Guanabara, baignée d’un soleil radieux, en lui détaillant les quartiers environnants et quelques éléments de leur histoire. En secret, j’espérais repérer au fond de l’eau, l’engin qui lui avait permis de traverser l’espace, mais l’Atlantique toujours aussi sauvage même par temps clair, demeurait insondable. Pendant un instant, je doutai de cette histoire et de son fondement.
La vue est très différente à la lumière du jour.
Je veux bien te croire, répondis-je en le scrutant. Où se trouve ton vaisseau ?
Dans cette direction, très loin au large et en profondeur. Ainsi, il est plus discret. Que fait-t-on maintenant ?
En fin de journée, décidée à lui montrer la vie locale, je le menai dans une paillote au cœur d’un quartier populaire. L’endroit plutôt bien éclairé, était animé par de la bossa nova, l’effervescence des cariocas, et en fond, un léger ronronnement de groupe électrogène.
Duas caïpi, por fav (deux caïpirinhas, s’il-vous-plaît).
Resté à l’écart de la foule à ma demande, Anthonio observait avec curiosité tout ce qui l’entourait.
Tiens.
Qu’est-ce c’est ?
Une petite partie d’ici.
À sa première gorgée, il grimaça. Je me surpris à sourire, en aspirant moi-même le cocktail en parfait équilibre entre fraîcheur, rondeur et acidité.
Au fait, comment se fait-il que tu parles ma langue ?
Je m’en suis imprégné à ton contact.
En me touchant, tu veux dire ?
Il acquiesça.
Ma nature me permet d’absorber des informations et capacités de toute sorte, entre autre, en fonction de mes besoins.
Et cette lumière qui émane de toi dans l’obscurité, chuchotai-je, qu’est-ce que c’est ?
Mon fluide de vie. D’après la plaque pionnière, c’est l’équivalent de votre sang. Mais contrairement à vous où il coule dans vos veines, le mien est contenu dans chaque unité qui me compose et circule entre elles par transfert.
Attend une minute. Cela voudrait dire que tu n’as pas de cœur ?
Je n’en ai pas besoin.
Incroyable…
Que fait-on maintenant ? demanda-t-il.
L’air chaloupé de Garota de Ipanema du célèbre A. Carlos Jobim, commença à attiser la flamme citadine. Entre sensualité et mélancolie, on ne pouvait pas faire plus typique. Idéal pour initier Anthonio à la chaleur de la musique locale. Je l’invitai à danser. Déconcerté au début, il se laissa prendre au jeu avec enthousiasme et s’accorda à mes mouvements. Plus nous nous touchions, plus vite il assimilait et avant même le morceau suivant, nous évoluions en accord parfait. Les pistes s’enchaînaient et mon partenaire novice se mit même à improviser en fonction du rythme. À la fin de la soirée, nous nous amusions dans une totale insouciance. Tout en moi, de mes boucles volumineuses à ma jupe à volants, virevoltait sans retenue. Une bouffée d’oxygène inespérée au regard du chagrin qui m’avait conduit à revenir à Rio.
Brusquement, un raclement douteux se fit entendre et toutes les lumières s’éteignirent.
Olha isso ! O que é isso? (Regardez ça ! Qu’est-ce que c’est ?)
Dans l’obscurité inopinée, Anthonio luisait sous ses vêtements à la vue de tous. Mon sang ne fit qu’un tour.
Où avais-je la tête, la vie nocturne n’est pas appropriée pour lui !
Je l’attrapai par la main et l’entraînai dans des ruelles voisines. Des voix et des claquements de chaussures nous talonnaient. Mon objectif, rejoindre Ipanema pour le mettre en sécurité. Nous bifurquâmes un nombre incalculable de fois, ce qui nous valut un petit temps d’avance. Dans une rue adjacente, nous nous faufilâmes d’un coin étroit, sous une ampoule faiblarde, mais opérationnelle. Les pas se rapprochaient. Trois ados nous surprirent, lui dos au mur, moi contre lui. Par chance, l’éclairage se mit à briller vivement. Anthonio retrouva alors à leurs yeux une apparence des plus communes, et face à notre position quelque peu intime, les curieux s’éloignèrent. À peine furent-ils hors de vue, que la lumière vacilla plusieurs fois et s’amenuisa. Un fracas métallique nous alerta de nouveau, puis des miaulements incisifs mirent fin à mon inquiétude. Un simple affrontement de chats de gouttière.
Ouf, ce n’était rien.
Anthonio opina et rangea l’une de mes frisettes avec douceur. Son regard luminescent plongea dans le mien et j’eus tout d’un coup l’impression de flotter dans l’espace. Sa paume vint se poser sur ma poitrine sous pression.
Deus do céu… (Dieu du Ciel)
Mon cœur battait. Il battait de nouveau.
Une vague lointaine déferla du fond de mon être. J’enlaçai Anthonio et pris d’assaut ses lèvres venues d’ailleurs. Ne songeant plus à rien, uniquement à l’instant, je partis à la conquête de cet autre univers. Mais Anthonio réagit à peine. Je m’écartai alors de lui, confuse de ne pas susciter le même élan qui m’avait soudain réanimé à son contact.
Excuse-moi, je n’aurais pas dû.
Il m’étreignit et d’un geste un peu hésitant, me rendit mon baiser. Sa peau exhalait une odeur d’embruns terriblement envoûtante et laissait sur ma langue un goût sucré, frais et citronné.
Je n’avais jamais ressenti cela auparavant, lâcha-t-il dans un souffle profond. M’imprégner de toi est si grisant.
Je compris alors qu’il découvrait des sensations nouvelles à mesure de notre rapprochement, et je ne pus que fondre devant ses prunelles encore plus vives. Son corps singulier réveillait en moi un désir sans doute inapproprié. Peut-être, prenais-je un risque plus grand que moi-même en allant aussi loin, sans connaître toutes les conséquences de sa nature. Mais pour l’heure, il m’était impossible de renoncer à ce moment. Après tout, mon pays d’origine n’était-il pas un maître-lieu du métissage ? Peu importe d’où il venait, qui nous surprendrait, ce qu’il adviendrait. Rien ne comptait plus, excepté nous.
***
Les vacances n’avaient plus rien de pareil. Toute ma vie passée me semblait dépassée. L’été consommé à tes côtés à parcourir les merveilles de la région, à danser au rythme de la bossa nova et de la samba, me transportait. Oubliés les regrets, le chagrin. J’étais de nouveau heureuse tant que tu étais là, tant que tu posais les yeux sur moi. Je revivais tant que tu m’enlaçais, tant que tu me faisais l’amour, tant que tu m’ouvrais les yeux sur l’univers. Nous nous étions secourus, imprégnés l’un de l’autre, et n’avions cessé de nous enrichir mutuellement… jusqu’à ce que tu disparaisses. Sans explication, sans laisser de trace. Mon monde s’écroula de nouveau. Jour après jour, je scrutais le large dans l’espoir que tu me reviennes. Nuit après nuit, j’arpentais la plage, en espérant renouveler notre rencontre impromptue, imaginant des lueurs fluorescentes là où il n’y en avait pas. Qu’était-il advenu de toi ? Qu’était-il advenu de nous ?
Je me rendis une énième fois sur la plage d’Ipanema, la rage au ventre.
Anthonio ! N’étais-je qu’une humaine parmi tant d’autres à découvrir ? Ai-je un tant soit peu compté pour toi ? N’as-tu pas honte d’être parti sans moi ? hurlai-je à la mer de toutes mes tripes, les larmes amères arrachées par la tourmente approchant. Tu n’as pas de cœur Anthonio, tu n’as pas de cœur…
La bruine marine laissa place à une franche averse qui s’abattit sur moi. Je serrai les poings et tournai le dos au large déchaîné, et par conséquent, à ma colère. Tu n’en valais plus la peine. Nous avions vécu des moments de rêve que jamais je n’oublierais. La passion qui était née entre nous avait transcendé des frontières inattendues, mais tu n’étais plus là.
De retour à l’hôtel, je me séchai et me roulai en boule sous les draps, tous rideaux tirés. En songes, je me mis à flotter dans une matrice obscure. La pression y était importante mais supportable. Et tu apparus, Anthonio, brillant de mille feux comme une nuée de lucioles.
Oh Anthonio ! Mon Anthonio… Je me rends compte que la seule question que je ne t’ai pas posée est : combien de temps comptes-tu rester ?
Sans mot, tu posas ta main sur ma peine et me souris avec tendresse.
Pour toujours.
Sans ménagement, je fus aspirée vers l’arrière loin de toi, arrachée de toi. Pourtant, ta lumière continua de m’éclairer jusqu’à ce que j’émerge de ces fausses retrouvailles, en larmes, au milieu d’un véritable rayonnement. Mon cœur s’emballa lorsque mon regard se posa sur lui. Ton cadeau.

En fin d’après-midi, je faisais découvrir à Thonio la baie en contrebas pour le calmer. Il avait été si agité durant l’après-midi, qu’une promenade sous la bienveillance du Grand Sauveur, ne lui ferait pas de mal. Bien que du haut de ses deux ans, mon garçon ne fût pas encore en âge de comprendre, je lui racontai chaque endroit de Rio que tu avais foulé, me remémorant intimement nos souvenirs passionnés. Notre petit avait l’air d’apprécier. Je le voyais à ses yeux turquoise expressifs. Les tiens, Anthonio. De jour comme de nuit.
Rentrons mon trésor, il ne faudrait pas que l’on remarque à quel point tu es extraordinaire.
Thonio ne m’écoutait plus. Son attention semblait retenue par le ciel. Je levai moi aussi les yeux pensant que l’immense statue le captivait. Des halos luminescents nous survolaient, puis, je ne sentis que le vide aux creux de mes bras. Mon bébé n’était plus là.
Anthonio…
***
Le lendemain, dans le quartier d’Humaíta, une femme d’âge mûr frappait à la porte de sa voisine.
Anna, c’est Luiza. J’ai fait des gâteaux pour Thonio. Anna, tu es là ?
Personne ne lui répondit. Bizarre, pensa-t-elle, ils venaient toujours en manger chez elle le samedi et lui tenir compagnie. Un tantinet déçue, la mamie rentra chez elle, s’assit sur son balcon et déploya son journal. À la une : « Étrange phénomène observé hier en début de soirée dans le ciel de Rio de Janeiro. Des lueurs non identifiées ont été aperçues quelques secondes juste en surplomb du Grand Sauveur avant de disparaître. Le gouvernement soutient qu’il s’agirait d’un phénomène météorologique. Cependant, cet évènement relance d’ores et déjà le débat : sommes-nous seuls dans l’univers ? Quand bien même, d’autres formes de vie pourraient-elles faire le voyage jusqu’à nous ? »

Mot d'auteure
L’amour de vacances, insouciant, frais et intense nous transporte. Sous la latitude exotique du Brésil, j’espère vous avoir emporté dans cette romance estivale et atypique. Elle m’a été inspirée par l’ambiance évanescente et nostalgique d’« Anthonio » de la chanteuse Annie.
Au détour de mes recherches sur la culture locale, un autre morceau est venu étoffer cet univers, « Garota de Ipanema » d’Antonio Carlos Jobim, ledit fondateur de la bossa nova. De quoi prolonger le plaisir en musique :)

Merci d’avoir lu cette romance fantastique. N’hésitez pas à partager vos impressions en laissant un commentaire ! Vous pouvez aussi découvrir gratuitement l'anthologie « Destinations Inconnues » dans laquelle elle s'inscrit sur Amazon ou Kobo.

Soyons toujours respectueux de ceux que nous rencontrons sur notre route, que nous soyons amenés à les revoir un jour ou pas.

Chaleureusement,
Sélène.

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Twitter : @selene_derose


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